Peter Klasen

L’artiste Peter Klasen est le maître des contrastes. Il oppose le fragment à la totalité, la plaque dure à la peau douce. Il trouve toujours de nouvelles approches, intègre des fragments de réalité et de rêve à des collages pleins de vie. Des découpages de magazines, des morceaux de carton et des pièces d’avions et de véhicules militaires sont quelques-uns des matériaux qu’il utilise dans ses compositions.

Ses peintures associent une obscurité menaçante à une lumière vitalisante. Des teintes chatoyantes bleues et vertes s’opposent aux tons gris et bruns. La rugosité rivalise avec le lisse. Des bouts de corde et des flammèches symboliques s’opposent à des mains suppliantes tendues vers le ciel. Nus féminins, seins et lèvres entrouvertes se marient à des chiffres et à des champs colorés disposés symétriquement.  

Dès 1962, il était l’un des fondateurs de La Nouvelle Figuration, nouvelle vague figurative visant à mettre en valeur le sens de la figuration. À ce groupe appartenaient notamment Adami, Erró et Télémaque. Cette tendance s’est développée à peu près en même temps que les progrès du Pop Art aux États-Unis, avec notamment Robert Indiana, Tom Wesselmann, Roy Lichtenstein et Andy Warhol en tête du mouvement.

Depuis ses débuts artistiques à la Galerie Friedrich de Munich, en 1964, Klasen a élaboré son langage plastique personnel. Il peut paraître paradoxal que Peter Klasen ait trouvé un équilibre entre le sensuel et l’industriel, un croisement entre l’agréable et le répugnant, entre le bon goût et le révoltant. C’est justement cette contradiction qui s’exprime si souvent dans ses œuvres. Outre ses peintures sur toile de lin, sur fer, sur tôle et sur bois, il a réalisé plusieurs commandes officielles, notamment une décoration pour le centre commercial de La Défense à Paris.

Peter Klasen est né à Lübeck en 1935. Dès l’enfance, il a eu la vocation de dessiner et de peindre. Son grand-père paternel, qui était antiquaire et marchand d’art, l’a encouragé dans ses premiers pas. Ses années d’apprentissage à l’École des Beaux-Arts de Berlin, après la guerre, ont été pour lui l’occasion d’un nouveau départ, puisque c’est à ce moment-là que l’inspiration lui est venue de se joindre à la peinture d’avant-garde. C’est à peu près à cette époque qu’il est devenu l’ami de l’artiste Georg Bazelitz, connu pour ses travaux néo-impressionnistes. Au début des années 1960, il s’est installé à Paris : années difficiles au début, années de pauvreté sans réussite notable auprès du public. Le succès n’est arrivé que dans les années 1970. Sa première exposition en Scandinavie a eu lieu à la Galleri GKM Siwert Bergström, en 1988.

À l’occasion du 70ème anniversaire de Peter Klasen, des expositions sont organisées à Francfort, Milan, Los Angeles et Barcelone. Il sera exposé cet automne à La Maison Européenne de la Photographie, à Paris.

Dans une étude approfondie sur l’œuvre de Peter Klasen, l’expert Gilles Plazy a fait observer que plusieurs de ses peintures représentent un mur, un mur de Berlin mental, image d’une Allemagne divisée que de nombreuses personnes portent encore en elles. C’est vrai, mais en même temps il ne faut oublier que Peter Klasen ouvre aussi une porte de sortie, une porte ouverte sur la mémoire et sur les régions ambiguës de l’inconscient.

Johan Persson, 14 mars 2005



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